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La Belle et la Bête (Panna a netvor)

Le plus beau, le plus pur, la plus onirique des versions de ce conte que j’aime par dessus tous les autres ! Voilà une conclusion dans l’introduction car c’était pour moi une urgence que de le dire.

Ce film est une perle tchécoslovaque de 1978, du réalisateur et scénariste Juraj Herz, avec Zdena Studenková dans le rôle de la Belle, et Vlastimil Harapes dans le rôle de la Bête. « Panna a netvor » signifie « La vierge et le monstre ».

A classer dans la fantasy horrifique, mais également dans la romance dramatique, ce chef d’oeuvre présente le conte dans une version très sombre. Les couleurs y sont changeantes et, globalement, ne reste en mémoire qu’une couleur grise et glacée concernant tout ce qui touche à la Bête et plutôt blanc orangé et chaude pour ce qui a trait à Julie, la Belle. C’est ce qui m’intéresse beaucoup dans ce film : son empreinte émotionnelle. On y joue avec les couleurs, les reflets, les ombres et… la musique. Superbe musique ! Qui tourne en boucle dans l’esprit. Si l’on n’y prend pas garde, je suis persuadée qu’elle peut nous faire traverser le portail de ce lugubre château, au milieu de la forêt enchantée.

Sur l’édition que j’ai acheté, il y a un bonus avec Christophe Gans, qui a lui même réalisé sa version du conte, avec Vincent Cassel (je vous en parlerai bientôt). C’était très intéressant de l’écouter car il parle beaucoup du réalisateur et de toute la censure à laquelle il a fait face, ce film ayant été jugé bien trop sensuel, et politique par son symbolisme. Il y fait les rapprochement entre les versions, notamment la sienne, et sincèrement, je pense que Disney a extraordinairement pompé sur Panna a netvor ! Mais ils ont bien fait, car cela donne, selon moi, le plus beau dessin animé de ces studios.

L’onirisme de ce film est tout simplement époustouflant ! Si celui de Cocteau était mon préféré, je dois désormais le descendre d’un cran. Ici, tout n’est pas expliqué et c’est parfait. La belle, qui se nomme Julie, ne demande même pas de rose à son père, c’est lui qui en prend l’initiative. Elle ne se lamente pas de s’être sacrifiée pour aller à sa place au château comme prisonnière de la Bête, elle attend, patiente et docile. C’est une véritable héroïne de conte, vierge, pure, angélique. Son humilité n’a d’égale que sa beauté, et le monstre voit en elle un miroir de ce qu’il pourrait être. Elle est plus pure que le faon innocent, en cela il ne réussit pas à la tuer. Peu à peu, il se transforme, au fil des rêves de la Belle. Et c’est bien tout ce que cette version veut nous renvoyer : si l’on peut se rendre laid à céder à nos instincts les plus primaires, la pureté d’autrui peut, par le rêve et l’amour, transformer le monstre en prince.

Les costumes sont très beaux quoiqu’assez simples. Ils n’ont rien à voir avec les joyaux textiles du film de Cocteau. Toutefois, ils sont suffisant et vont bien avec la Bête, mi fauve mi rapace. C’est un monstre d’horreur qui n’a là aussi, rien à voir avec la majesté (si je puis dire) du masque de Jean Marais. Les décors sont extrêmement simples, un peu moins travaillés, moins propres que l’esthétique que j’aime tant chez Cocteau, toutefois c’est amplement suffisant car tout cela créé une homogénéité graphique. L’esthétique y est plus gothique que fantaisiste, et je peux dire que j’ai été servi en beautés sombres, parfois brutes, mais si poétiques !

Pour conclure, je vous recommande bien évidemment de vous le procurer (cliquez ici), notamment la version qui propose le bonus avec Christophe Gans, car la pochette et la présentation du DVD sont dignes du film. En attendant, je vous plonge un peu plus dans cet univers avec cette atmosphère envoûtante et les images d’ouverture…

La bande annonce. Ce film a un charme fou dans sa langue originelle, je vous conseille vraiment de le regarder en sous-titrage.

Et ne nous privons surtout pas, SURTOUT PAS !, d’un pur moment de beauté musical. Voici le thème joué par Petr Hapka… Je vous laisse savourer, rejouer la mélodie une bonne centaine de fois de suite, et vous dis adieu.

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