EP #1 : Prendre le temps
Transcription textuelle du podcast
Bonjour et bienvenue pour le premier épisode de ce podcast.
Il y a un an, j’ai commencé à vivre toute la journée dehors, alternant mes heures entre écriture dans la voiture et marche à pied sur les voies vertes. La vie m’ayant poussé à ce choix, ce fut d’abord très inconfortable puis, au fil des semaines, j’en ai saisi tout le potentiel, autant pour mon inspiration que pour le partage spirituel. J’avais commencé à partager mais le fruit n’était pas mûr et j’ai dû cesser. Si désormais il l’est, et que bien des épisodes suivront derrière celui-ci, il me faut vous emmener avec moi, dans le souvenir de la naissance de ce projet.
Un jour, alors que je me baladais en forêt, j’ai spontanément enregistré une sorte de réflexion philosophico-spirituelle que j’ai senti poindre en moi, comme une urgence. C’était quelque chose qui ressemblait à ce que je faisais jadis en vidéo sur ma chaîne YouTube, mais peut-être en mieux, en plus profond, en plus raisonnée, en plus tranquille. J’ai fait ça sur le dictaphone de mon smartphone, parce que je ne voulais pas me montrer. Je voulais simplement que ma voix soit l’intermédiaire de ma pensée, sans prise vidéo qui viendrait parasiter le message. Comme je n’étais plus présente sur les réseaux depuis un moment, reconsidérant l’utilité de ma présence, je me suis dit que le format podcast serait tout adapté aux messages qui, malgré le manque de publications, ne cessaient (et ne cessent) de tomber sur mon esprit, comme des gouttes d’eau venues d’un divin ailleurs.
Après coup, de ces minutes de prise audio, je me suis dit que c’était comme une réflexion (lire REFLEX’IONS). L’ion, c’est un atome ou un groupe d’atomes, et les ions dits négatifs, on peut les retrouver à côté des cascades, au bord de la mer, dans la forêt, etc. Et lorsque l’on est au contact intense de la nature, comme moi depuis ce temps, et bien il y a des évolutions très intéressantes qui se font, grâce à ces fameux ions négatifs. A savoir que les positifs, eux, excitent, et on peut les retrouver autour de tout ce qui est technologique, électrique, etc.
Par exemple, on voit que la qualité de la peau s’améliore, que le mental s’apaise, la respiration est plus ouverte, le système nerveux plus calme. Et puis, il y a surtout cette grande connexion à la Terre Mère, qui transmet quelque chose dont on n’arrive jamais vraiment à extraire l’entièreté du ressenti. Des petites gouttes, comme ça, qui se perdent à droite, à gauche, mais des réflexions qui arrivent, et puis, ce que j’appelle « le murmure des anges ».
En fait, ce que l’on ressent, c’est comme des bribes d’écho de le Grande Intelligence Universelle elle-même, que j’appelle Dieu. Et c’est pour ça que j’ai décidé d’intituler ce podcast « Réflex’Ions » puisque, finalement, c’est la synthèse d’une réflexion que j’aurais eue durant ma présence dans le cadre sauvage. Toutefois, fan de montage vidéo et de prises d’images contemplatives, je vous propose également ce podcast en format vidéo sur iceberg-editions.com ou sur YouTube.
Pour ce premier épisode, je voudrais revenir sur la notion de ralentissement et le fait de prendre le temps. Je ne parle pas de la notion du moment présent, mais bien de celle de faire que le temps dont nous usons soit de qualité. Car c’est bien ce que j’ai vécu avec ce choix de vie, et c’est désormais ce que je cultive et tente de préserver comme une bénédiction qui m’a été offerte.
Ralentir, c’est prendre le temps d’être véritablement présent, en usant avec gratitude de tous nos sens. Écouter avec attention, voir au-delà, sentir jusqu’au plus profond de soi, toucher délicatement, goûter de toutes ses papilles. Alors que tout dans notre société vise à accélérer le temps d’ingestion, d’écoute, de décision, de réflexion, avec ces quelques mots, je vous invite humblement à retrouver l’art d’être pleinement présent à vous-mêmes.
Selon moi, l’exemple d’accélération le plus flagrant se situe au niveau de l’écoute. En effet, de nos jours, combien de personnes, appuient sur la vitesse x2 des applications de messageries et sur les plateformes diffusant des vidéos, afin d’écouter et de voir plus vite ? Consommer plus vite, parce que consommer n’est plus suffisant, et que l’abondance de divertissement le permet. Consommer est bien le mot, car on voit mais on ne regarde pas, on écoute mais on n’entend pas. De la sorte, on efface le ton de la personne, on efface sa présence, on absorbe simplement son contenu, on l’extrait, on la presse, et c’est le cas de le dire ! On la presse. « Vite ! » « Parle plus vite ! » « Vidéo trop longue » « On s’ennuie », pour rester polie, c’est ce genre de commentaire que l’on peut lire sous bien des vidéos. Un peu moins aujourd’hui, puisqu’il y a désormais la possibilité d’accélérer, ça contente l’utilisateur, le commentaire sera peut-être meilleur. Là où l’auteur a posé des silences, qui peuvent amener l’auditeur, le spectateur, à s’interroger en notant mentalement ce qui vient d’être dit ou fait, le x2 bâcle la réflexion. Alors on croit intégrer des informations, comme ça, très vite, sans finalement avoir la possibilité de les mémoriser correctement.
J’en parle parce qu’il m’est arrivé de le faire, et tandis que je le faisais, quelque chose en moi me fustigeait : « T’as pas honte, un peu ? Qu’est-ce que c’est que cette frénésie ? Tu as un bus à prendre, c’est l’urgence absolue ? » On pourrait croire à un sentiment de culpabilité, étant moi-même créatrice de contenu, mais non, j’ai vraiment senti que ce n’était pas bon, ni pour moi, ni pour autrui, à moins d’une urgence. D’ailleurs, un jour que je n’avais plus de batterie sur mon smartphone, j’ai regardé en accélérée une vidéo pour changer un pneu. Je n’ai pas manqué d’y revenir plus tard pour remercier le créateur de m’avoir virtuellement dépanné ! Donc, oui, ça peut arriver, mais quand c’est une habitude de consommation, c’est là où je sens en moi que ce qu’il se passe avec ça, n’est pas bon pour l’humain.
C’est vrai que ce que j’aime faire, c’est faire un petit retour en arrière, m’imprégner de la parole, mettre sur pause pour noter, réécouter par plaisir… Et pour les livres, ah, les livres ! Il y a des formations pour apprendre à lire vite ! Beaucoup d’influenceurs dans ce milieu disent lire un livre par jour, et pas un petit manuel, non, un bon gros roman et ses centaines de pages !
Ces accélérations me paraissent terribles parce que, si je vous dis la phrase « la répétition est la mère de l’apprentissage », en accéléré cette sagesse donnera « larépétitionestlamèredelapprentissage ». Qu’est-ce que vous aurez retenu de ça ? Au mieux, une étincelle qui se perdra dans la foultitude des informations reçues durant la journée, au pire rien. Est-ce que vous profitez de l’existence d’une personne lorsque vous la mettez en accéléré sur sa vidéo, sur son podcast, et même sur les audios qu’elle peut faire sur les messageries ? Et ce n’est pas parce qu’on manque de temps, c’est parce que on ne veut pas que cette personne prenne trop de temps dans notre vie. Mais alors, si on ne veut pas qu’elle prenne trop de temps dans notre vie, si on veut absorber son message le plus vite possible, à quoi ça sert de communiquer avec elle ? D’entretenir une relation ? Serions-nous capables, alors que nous sommes avec un ami en terrasse, de sortir une télécommande magique pour que sa parole s’accélère deux fois plus vite ? Finalement, c’est écouter « vite fait » comme on dit, pour seulement pouvoir à son tour parler, se vider. À quoi ça sert de regarder une vidéo, de lancer un podcast, d’écouter une personne qui a pris de précieuses minutes de son temps, de sa vie, pour nous faire un petit vocal afin de montrer son existence et de partager quelque chose avec nous ?
C’est cette question que je me pose vraiment : pourquoi ? Pourquoi en est-on arrivé là ? Pas « comment » mais « pourquoi » ? Car c’est un choix, d’appuyer sur ce bouton mis en place par ceux qui tirent les ficelles de toutes ces applications. Alors, c’est vrai que si on demande à des personnes branchées sciences, techno et marketing, on nous répondra que c’est juste un système de récompense, de dopamine and co. Parce que plus on consomme, plus on a envie de consommer, plus on a envie de consommer vite, plus on ne veut plus intégrer les choses parce que ça prend trop de temps, mais simplement les consommer, et devenir un pur consommateur. On veut que l’information nous traverse simplement et c’est ça qui va nous faire du bien. C’est ça qui va déclencher l’hormone du plaisir. Simplement se faire traverser par l’information sans rien en garder. Pour beaucoup, c’est assumé. Pour les autres… c’est vécu en passif.
Hélas ! C’est tellement humain, tellement nécessaire, de voir comment respire la personne, de participer à ces temps de silence, qui parfois sont des temps de communion avec l’autre ou son auditoire. Les hésitations dans la voix, parfois des tremblements, l’esquisse d’un sourire, un œil imperceptiblement malicieux, et tout cela va nous dire que chez cette personne-là, il y a quelque chose qu’elle fait se développer en moi, je sens qu’elle m’inspire d’une quelconque façon, je ne sais pas comment, mais quelque chose s’extrait d’elle et me nourrit, à son rythme à elle, doucement ou de façon fulgurante selon sa nature.
Et alors c’est comme ça qu’on a en face de nous un être humain duquel on s’inspire le temps de quelques minutes, quelques heures, et on repart avec un morceau de cette personne en nous. On a accepté de vivre à son rythme, de l’écouter, de la regarder faire.
Il est vrai qu’il est dans notre nature de soupirer lorsque ça n’avance pas assez vite, et si l’on rencontre une personne dans la rue, c’est pire car on soupir de l’intérieur pour ne pas blesser la personne, ou par simple politesse. Je pense que c’est ce qui a donné naissance à ces vidéos où tous les silences sont coupés. Ca saute, avec des tons qui se marient très mal entre eux. Par exemple, ça donne quelque chose du style : « Je suis allée en forêt / j’ai ramassé des champignons / mais celui-là n’était pas très bon / faut toujours un guide / ça permet d’éviter l’hosto ! » Aïe !
Jusque-là, on avait différents rythmes, différentes respirations, que ça nous plaise ou non, c’était une vie face à une autre, et on prenait le temps face à la lenteur. Aujourd’hui, on ne prend plus le temps car nous faisons constamment face à l’accélération. Au travail, au magasin, sur les montages vidéo, sur la route… Et ça me fait penser à cette scène dans le film « Le cercle des poètes disparus » avec Robin Williams.
À un moment donné, la classe est dans la cour et le professeur prend quatre ou cinq élèves, qu’il place à la queuleuleu, et il leur dit de marcher. Alors, c’est un peu difficile parce qu’il y a celui qui marche lentement, celui qui marche plus vite, celui qui marche avec une grande amplitude, qui balance les bras, etc. Et chacun a son caractère, sa personnalité, ils ont bien du mal, mais dans la recherche de l’équilibre, ils se règlent les uns sur les autres pour pouvoir marcher comme ça, à la queuleuleu, sans se gêner et finalement, ils suivent un même rythme. C’est le rythme de notre société, adopté par tous, malgré le rythme individuel de chacun. Et c’est ce qui se passe sur Internet. Parce que, celui qui marche vite va ralentir, celui qui marchait lentement va s’ajuster un peu plus, celui qui balançait un petit peu trop les bras va les garder un peu plus contre son corps, et alors on a un ensemble homogène et donc sans originalité.
Nous qui sommes tant soumis à la virtualité, aujourd’hui, nous avons bien du mal à prendre le temps. Rien n’en donne plus exemple l’hormis l’indétrônable nature. On ne pourra jamais mettre la germination d’une graine en accélérée, idem pour la floraison, la chute des feuilles d’automne, la tranquillité du ruisseau, la délivrance d’un bébé, la combustion du bois. Bonne Mère et fidèle à sa promesse d’abondance malgré nos inconduites envers elle, la Nature continue de nous montrer, inlassablement, quel rythme est celui qu’elle nous a offert. Pourtant nous avons inventé l’argent, les horaires, le travail sous contrat, les classes sociales, la technologie pour aller plus vite, le changement d’heure, les cotisations, et bien des cannes au bout desquelles pendent une carotte. Avancer, vite, encore plus vite, aller à l’essentiel, ne pas digresser, s’épuiser, consommer sur le pouce, à l’aveugle, puis se reposer, dormir pour recommencer.
STOP !
S’arrêter. Respirer. Contempler. Prendre le temps.
Car vous avez le temps. C’est un mensonge, une fausse croyance ou un choix personnel que de dire que vous ne l’avez pas ou ne pouvez pas l’avoir. Le temps, il est à vous. Tout relatif soit-il, il est vôtre. Le paysage défile à l’extérieur du train, pourtant vous pouvez, assis sur votre siège, lire paisiblement un livre. Vous pouvez choisir de vous garer en bordure de forêt et de sortir respirer ne serait-ce que cinq minutes. Vous pouvez lever les yeux vers le ciel derrière votre fenêtre, au lieu de les baisser sur votre smartphone. Regarder la mouche tourner autour de la miette, l’oiseau prendre son envol, la branche de l’arbre se balancer, admirer les veines d’une feuille, le velouté d’un pétale. Sentir le vent sur votre visage, sentir même l’instant, être présent à ce que vous êtes, à ce qui vous entoure, à ce que vous faites.
Ralentir, c’est aussi, dans une vie à cent à l’heure, chargée de responsabilités, de tout simplement d’accepter de faire les bons choix en termes de divertissement. Faire ce soin corporel tant repoussé, et qui pourtant me ferait du bien, ou scroller sur les réseaux ? Lire un livre inspirant pour plonger doucement vers le sommeil ou écouter en accéléré l’audio de cet ami ? Préparer un bon repas ou choisir la mal bouffe pour gagner dix minutes devant la télévision ?
Oh, je pourrais en citer d’autres exemples, ça oui ! Mais je voudrai simplement terminer avec une sentence qui guide beaucoup ma vie : tout est question de choix et de priorité. Je me suis plainte tellement de fois de ne pas avoir le temps… j’ai gâché tant de moments précieux en prétextant que je ne pouvais pas faire autrement. Et pourtant. C’est juste une affaire de priorité. Rien qu’une simple affaire de priorité. Alors le manque de temps devient une excuse.
On a toujours le temps de ralentir, il faut seulement accepter de recevoir ce bienfait qui nous est acquis de naissance, et le prioriser correctement. Prendre le temps, ce n’est pas cesser d’aller vite et opter pour une « slow life » qui ne conviendrait pas à tous, c’est prendre le temps de regarder, d’entendre, de ressentir, d’exprimer, chacun à son rythme. Car même si vous avez donné votre accord à un rythme contre nature et que vous pensez qui vous asservit, vous pouvez honorer ce contrat tout en prenant le temps de contempler la vie en vous et autour de vous. Simplement en décidant de ralentir. Alors, bien des choses s’apaiseront, et la réception des messages divins sera bien plus clair.
Prendre le temps, c’est s’enjouer de la vie, tout simplement.

Au fil du chemin, au coeur de la nature, lui sont inspirés des thèmes qu’elle partage ensuite, flamme après flamme, pour éclairer les coeurs enténébrés.
